Et si l’Afrique commençait son développement dans les églises et les mosquées ?

 En Afrique, les débats sur le développement tournent souvent autour de la politique, de l’économie, des infrastructures ou encore de la coopération internationale. Mais un levier fondamental est trop souvent ignoré  : le rôle des institutions religieuses.

Avec environ 49 % de chrétiens et 42 % de musulmans, l’Afrique est un continent profondément religieux. Cela signifie qu’une écrasante majorité d’Africains sont directement influencés par des leaders religieux : imams, prêtres et pasteurs. Ces figures spirituelles ne sont pas seulement écoutées ; elles sont respectées, suivies, parfois même vénérées. Leur parole pèse lourd dans les choix individuels et collectifs.

Un discours à réinventer

Et pourtant, le contenu du discours religieux dominant reste trop souvent déconnecté des réalités du quotidien. Il est temps que cela change. Les leaders religieux ont une responsabilité immense : celle de guider non seulement vers le salut spirituel, mais aussi vers l’éveil économique, social et intellectuel.

L’Afrique ne peut plus se permettre une religion de l’attente. Nous avons trop longtemps cru que les miracles allaient nous sortir de la pauvreté, de la corruption, du sous-développement. Mais le vrai miracle, c’est celui qui suit l’effort, le travail, l’organisation et la discipline.

Une nouvelle théologie du travail

Il est urgent que nos églises et nos mosquées deviennent des espaces où l’on prêche la productivité, la rigueur, l’éducation et l’action. Que les sermons mettent en lumière que Dieu bénit le travail, que le Prophète était un commerçant actif, et que les premiers chrétiens et musulmans étaient des bâtisseurs, des cultivateurs, des marchands, des enseignants.

Une théologie du travail est possible, et elle est même nécessaire. Parce que sans travail, il n’y a pas de transformation réelle. Et sans transformation, nous resterons un continent riche en ressources, mais pauvre en résultats.

L’opportunité d’un réveil collectif

Imaginez un instant : des églises où les fidèles apprennent les principes de gestion, de planification, d’agriculture durable, de responsabilité citoyenne. Des mosquées où l’on forme les jeunes aux métiers d’avenir, où l’on parle d’économie locale, d’innovation, de leadership éthique. Ce n’est pas une utopie. C’est une voie possible.

Si la productivité devient un message religieux, alors nous aurons un levier sans précédent pour amorcer une transformation profonde. L’Afrique ne changera pas uniquement depuis les palais présidentiels ou les bureaux des ONG. Elle changera aussi depuis les bancs des églises et les tapis des mosquées.

Conclusion

Le temps est venu pour nos leaders religieux de réviser leur message, de sortir des rhétoriques passives et de devenir des moteurs de développement authentique. Le peuple les écoute. Le peuple leur fait confiance. Et avec cette confiance vient une opportunité unique de façonner une nouvelle Afrique : une Afrique spirituellement vivante, économiquement active et socialement responsable.

Parce qu’au fond, le vrai miracle que l’Afrique attend, c’est celui qu’elle peut produire elle-même.