« Qui se ressemble s’assemble » : Les méthodes de Traoré à l’école de Poutine et la guerre de l’information en Afrique

On dit souvent : « Qui se ressemble s’assemble. » Et cette expression prend tout son sens lorsque l’on observe de près les méthodes de gouvernance du capitaine Ibrahim Traoré, président de transition du Burkina Faso depuis le coup d’État de septembre 2022. À bien y regarder, tout porte à croire qu’il a trouvé en Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, un mentor idéologique – sinon politique.

 

Les deux hommes partagent un style de gouvernance autoritaire, un contrôle strict de l’information, et une profonde méfiance envers la presse indépendante. Ils gouvernent à coups de propagande, d’intimidation et de répression.

 

La propagande : un outil central du pouvoir

Nos sources sont formelles : une stratégie de propagande inspirée, voire orchestrée, par la Russie est en place au Burkina Faso. Elle vise à saturer l’espace médiatique – notamment les réseaux sociaux – avec de fausses informations vantant les mérites et les « exploits » du capitaine Traoré. Le but est clair : façonner une image de héros, détourner l’attention des réalités du terrain, et maintenir le peuple dans une illusion rassurante.

 

À l’ère numérique, où une majorité de jeunes Africains s’informent essentiellement sur les réseaux sociaux, celui qui contrôle le récit contrôle aussi l’opinion publique. Et cela, le régime Traoré l’a bien compris. Il ne cherche pas à convaincre par la vérité ou les résultats, mais à dominer par le récit et la peur.

 

La vérité bâillonnée

Depuis son arrivée au pouvoir, le régime de Traoré a mené une véritable offensive contre la presse libre et la société civile. Les journalistes indépendants sont arrêtés, harcelés ou contraints à l’exil. Des médias entiers ont été muselés. Quelques cas emblématiques :

• Olivier Touré – Journaliste arrêté en octobre 2023 pour avoir couvert des manifestations et accusé de « diffusion de fausses informations ».
• Aristide Béré – Directeur de publication du journal L’Événement, détenu pour ses critiques envers la junte militaire.
• Martial Nébié – Journaliste à Oméga Médias, arrêté en novembre 2023 après avoir couvert une mutinerie militaire.

 

Comme en Russie, la critique devient un crime. Une loi aurait même été promulguée pour interdire explicitement toute remise en question du pouvoir en place. Le message est clair : au Burkina Faso, il faut chanter les louanges du président, ou quitter le pays. Beaucoup de journalistes ont été poussés à fuir ou à se rallier au régime.

 

Le copier-coller du modèle russe

Cette répression méthodique n’est pas une coïncidence. Elle rappelle avec précision le modus operandi du Kremlin. En Russie, on ne compte plus les journalistes et opposants disparus, exilés ou assassinés pour avoir osé critiquer Poutine et son régime corrompu.

La machine d’État s’y appuie largement sur la peur, la propagande et le contrôle total de l’information.

Aujourd’hui, Ibrahim Traoré semble s’inspirer directement de cette « école russe » de la gouvernance. Il en reprend les outils, les méthodes et le cynisme, au détriment de la démocratie et des libertés fondamentales.

Un tournant décisif pour l’Afrique

L’Afrique est à un carrefour dangereux. Des leaders comme Traoré, portés par des appuis étrangers et une impunité croissante, redessinent le paysage politique avec des méthodes qui enterrent toute possibilité de débat démocratique.

Quand la vérité devient subversive, quand penser devient un acte de rébellion, alors c’est la liberté même qui vacille. Et avec elle, l’avenir de tout un peuple.

Le Burkina Faso mérite mieux. L’Afrique mérite mieux.

Car une chose est sûre : quand les oiseaux de même plumage volent ensemble, ils bâtissent souvent des nids d’oppression.

 

Note de l’auteur :
Le combat pour la vérité est plus que jamais d’actualité. Informer, questionner, résister à la manipulation – c’est là le rôle essentiel de chaque citoyen conscient, de chaque journaliste libre, de chaque voix courageuse.