Pourquoi les experts africains doivent aussi soutenir les petites entreprises

En Afrique, le tissu entrepreneurial ne cesse de croître. De plus en plus de jeunes et de moins jeunes se lancent dans l’aventure de l’entreprise avec passion et détermination. Pourtant, une problématique persiste : l’accès aux compétences et à l’accompagnement de qualité reste difficile pour ces entrepreneurs.

Pourquoi ? Parce que bon nombre de professionnels et d’experts africains estiment que leur niveau ne les autorise pas à travailler avec des structures fragiles ou en difficulté. Ils préfèrent orienter leurs services vers les grandes entreprises ou les projets bien établis. Une logique qui, à long terme, freine le développement global de notre économie.

Le mythe du « niveau trop élevé »

Il n’est pas rare d’entendre des experts dire : « Ce type de projet n’est pas à mon niveau » ou « Je ne peux pas perdre mon temps avec une entreprise qui n’a même pas de budget ». Ce discours, malheureusement répandu, montre une incompréhension de ce qu’est réellement le rôle d’un professionnel engagé.

Bien sûr, il est normal de vouloir valoriser son expertise et d’être rémunéré à sa juste valeur. Mais cela ne doit pas empêcher de reconnaître la valeur des projets modestes. Tous les grands projets ont commencé petits. Tous les empires ont eu des débuts fragiles.

Un vrai professionnel sait bâtir, pas seulement récolter

Être un professionnel, ce n’est pas seulement intégrer des projets déjà réussis. C’est aussi savoir poser des fondations, contribuer à la structuration d’une idée, guider un entrepreneur dans ses premiers pas, même quand les ressources sont limitées. C’est ça, la vraie force d’un expert.

Un bon professionnel ne choisit pas uniquement les terrains fertiles : il sait aussi semer là où tout est encore à faire.

Repenser notre rapport à l’accompagnement

Il est urgent de changer notre perception. L’Afrique a besoin d’un écosystème de solidarité professionnelle. Nos jeunes entreprises ont besoin de conseils, d’orientation, d’expertise. Elles ne peuvent pas avancer seules.

Imaginez l’impact si chaque professionnel décidait de consacrer une partie de son temps ou de ses services à accompagner un ou deux petits entrepreneurs par an. Ce serait une révolution silencieuse mais puissante. Car derrière chaque entrepreneur soutenu, c’est une famille, une communauté, un pan de l’économie locale qui est renforcé.

L’avenir de l’Afrique se construit dès maintenant.

Le développement de l’Afrique ne viendra pas uniquement des investissements étrangers ni des grandes entreprises. Il viendra aussi — et surtout — de la capacité de ses fils et filles à se soutenir mutuellement, à croire en leurs propres projets, à miser sur leur potentiel, même quand il semble encore fragile.

Professionnels africains, votre expertise est précieuse. Elle ne doit pas seulement briller dans les sphères haut placées. Elle doit aussi servir là où les besoins sont les plus criants.

Accompagner un entrepreneur en difficulté, ce n’est pas faire un sacrifice. C’est faire un pari. Un pari sur l’avenir. Un pari sur le potentiel. Un pari sur l’Afrique.

Et si nous commencions à y croire, vraiment ?